Bertrand

C'est vraiment trop injuste... Chaque fois que je voulais prendre le PowerBook (C'est bien les Macintosh !...), chaque fois soit Zitouni, soit Caryn ou Christelle en souhaitait la jouissance...

Et moi, j'étais privé de tapoter sur ce clavier !..

Si si, c'est vraiment trop injuste...

Si j'ai bien entendu repris les manettes depuis Malte, je n'ai pas encore pu décrire les impressions du pilote, alors allons-y.

Avant de partir ce mercredi 30 juin dernier, notre itinéraire prévisonnel a subi quelques altérations de cap.

En effet, ayant d'abord pensé franchir la frontière tunisienne vers Djerba, il a fallu réviser le plan de vol via Monastir... cause indisponibilité carburant pour notre PA28...

Qu'à cela ne tienne, le bureau de piste Maltais fit très bien les choses et nous avons pu nous mettre dans les nouveaux rails ainsi posés virtuellement dans l'espace aérien...

Décollage de Malte: Ciel CAVOK (Ceiling and visibility OK, c'est à dire tempête de ciel bleu sur la mer) puis passée la côte maltaise : Blue-out !

En route vers le niveau 65 (± 6500 pieds, soit ± 2.200m), ce phénomène nous est apparu. Il s'agit d'une très légère brume sèche qui noie l'horizon dans une sorte de dégradé bleu-blanc-bleu rendant tout repère visuel externe très difficile à appréhender, donc rendant la tenue de l'assiette de l'avion délicate pour un pilote non formé.

En effet, du fait de l'absence de ligne d'horizon nette, il est délicat de savoir si l'on est en virage léger comme en prise ou perte d'altitude...

C'est à ce moment là que l'on se souvient avec bonheur des cours de VSV (vol sans visibilité) que l'on a pris dans le cadre de son instruction de perfectionnement de pilote ! Et hop, visu sur l'horizon artificiel et circuit visuel fréquent sur le badin, l'altimètre, le variomètre et le conservateur de cap pour assurer la stabilité de la tenue machine !...

C'est ainsi que l'on a vu Lampedusa (petit îlot italien planté sur notre route entre Malte et la Tunisie) seulement 22 Nm (±40 Km) avant son survol, soit moins de 15' de vol ...

Monastir: Quel accueil ! Quelle courtoisie au contrôle aérien. Rien à dire. L'approche et la descente sur la plate-forme comme sur un tapis roulant, un avion de ligne en courte finale nous montrant même comme un fait-exprès l'emplacement de la piste au cas où nous ne l'aurions pas localisée

C'est quand même une expérience intéressante pour un pilote que de lire ses cartes d'aérodrome en voyant inscrit dessus les obstacles artificiels à éviter comme les minarets !...

Et nous voilà au sol entre un MD 80 de Crossair venant de Bâle-Mulhouse et un Tunis Air de Tunis... Quel trafic ce jour : le bureau de piste nous informait plus tard de plus de 200 mouvements la veille pour plus de 30.000 passagers en transit par l'aéroport Habib Bourgiba.

Taxe d'atterrissage, Plan de vol et refuel effectué et hop vers Tozeur !

Décollage à 14h25 zulu, survol des champs d'oliviers plantés plantés soit au cordeau, soit plus aléatoirement selon l'époque de leur plantation puis plus rien...

Le désert, enfin pas le sable, mais plus de plantations, peu d'habitations, du relief aride, un lac salé asséché en été (Chott El Djérid) et cette brume de chaleur qui diffusait le soleil pile en face de nous !

Puisque, bien entendu, notre route allait vers l'ouest et quelques bonnes turbulences pour soutenir tout cela... Bref pour un pilote presque autant de point de repère qu'au dessus de la mer !

Heureusement, il y avait les VOR pour me montrer que l'on était bien sur la bonne route. Certains, équipés de DME permettaient en sus de mieux estimer sa position grâce aux indications de vitesse et distance. Expérience très intéressante.

Même s'il y avait (je l'avoue !) un GPS à bord. Comme ce dernier avait donné des signes de faiblesses à deux ou trois reprises en Italie par un fameux 'Position Lost' mon regard était très attentivement posé sur les instruments de radio-navigation électro-magnétiques.

Tozeur est une très grande oasis, posée à coté de Nefta, autre grande Oasis. Logiquement dans le désert cela se voit, même de très loin ! Mais dans les conditions de vol que nous avions, c'était moins évident que cela, d'autant plus que le relief nous cachait ces îlots de verdure dans le sens d'où nous venions.

Depuis Djerba c'eût été plus facile, le relief ayant été du bon côté de notre route !

Mais au moment opportun, le GPS le confirmait, une route goudronnée fit son apparition sous nos ailes et nous amenait vers Tozeur. En plus elle coïncidait avec ce qui était mentionné sur la carte d'aérodrome. Tout collait et c'était tant mieux ! Contact radio avec Tozeur, nous étions seuls dans le circuit, visuel sur les installations assez tardif, piste 09 en service vent pratiquement de face, mais fort (20Kts) donc maintien des gaz jusqu'en très très courte finale, voire pratiquement jusqu'au sol.

39° au thermomètre, en cette fin d'après-midi et tiens, en plus des minarets, il y a des palmiers de mentionnés sur la carte d'aérodrome...

Ce point est le point le plus au sud de notre périple.